Après Taubira ou Taubira pas, Taubyva!

L’ancienne ministre de la justice Christiane Taubira a mis fin au suspense ce samedi, à Lyon. Alors qu’elle avait annoncé début décembre “envisager” se présenter à l’élection présidentielle, la désormais candidate a franchi le pas.

Pour son entrée en campagne, Christiane Taubira tenait à faire dans le symbolique. Ne pas annoncer une candidature depuis Paris d’abord. Comme une façon de se distinguer d’Anne Hidalgo, la candidate du parti socialiste et Maire de Paris mais aussi plus généralement de l’ensemble de la caste politique, et notamment la gauche, qui semble bloquée à Paris. Une annonce symbolique toujours, faite depuis Lyon donc. Christiane Taubira a d'ailleurs choisi la colline de la Croix-Rousse, connue comme l’un des principaux lieux de la révolte des canuts de Lyon, survenue au XIXe siècle alors que ces derniers réclamaient l’autonomie ouvrière, pour y conduire elle aussi sa révolution : celle d'une nouvelle candidature à gauche.

Dans son discours, Christiane Taubira s’est déclarée candidate à l’Elysée. Mais son équipe précise : la candidate maintiendra sa candidature uniquement si elle sort gagnante de la Primaire Populaire. Elle est la seule à s'être exprimée en ce sens jusqu'à présent. Le premier tour de cet évènement citoyen aura lieu à la fin du mois de janvier.

Cette condition a sa candidature est cependant bancale.

Certes, officiellement, Christiane Taubira tient son engagement de Décembre dernier. Non, elle ne sera pas une candidate de plus, parce qu’elle accepte de se soumettre au vote de la Primaire Populaire, censée désigner un candidat unique parmi toutes les figures de gauche. Mais cette candidature de dernière minute trouve sa limite dans le processus de validation lui-même de la Primaire Populaire. A l’exception de Christiane Taubira, aucun autre candidat de gauche n’a prévu de respecter le résultat pour le moment. La question a pourtant bien été l’objet d’intenses débats ces derniers jours dans les bureaux politiques des différents partis. Même Anne Hidalgo, qui avait pourtant lancé l'idée d'une primaire de la gauche en Décembre, a indiqué de pas reconnaitre le résultat de la primaire populaire. Un comble!

En définitive, Christiane Taubira ne souhaite donc pas ajouter de la division à la division, mais va y contribuer au regard de l’attitude de ses concurrents vis à vis de la primaire populaire.

La gauche plus loin encore de l’union

La gauche est définitivement de plus en plus loin de l’union. Cette perspective, longtemps évoquée, enclenchée par la réunion des partis de gauche l’an dernier pour discuter de la présidentielle, semble désormais n’être plus qu’un vague souvenir.

Souvenirs, souvenirs - Photo d'une famille qui ne parvient plus à se retrouver

L'union de la gauche, le travail à la construction d'un grand projet commun, non, c'est dépassé. Par contre, cette semaine, dans la catégorie polémique ridicule ne menant à rien, la gauche a donné. Fabien Roussel, le candidat du Parti Communiste, s’est vu pris pour cible par certains partisans. Il faut dire que le candidat avait fait une déclaration absolument problématique. Invité de dimanche en politique, sur France 3, il développe un point de son programme, visant à rendre la gastronomie française accessible au plus grand nombre.

“Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi c’est la Gastronomie française. Mais pour y avoir accès à ce beau, à ce bon, à cette bonne gastronomie, il faut avoir des moyens. Donc le meilleur moyen de défendre le bon vin, la gastronomie, c’est de permettre aux français d’y avoir accès.”

Qu’à cela ne tienne, Sandrine Rousseau, qui conseille maintenant Yannick Jadot dans l’élection présidentielle, et a décidément le gout de la polémique, a accusé le candidat communiste d’être réac quant à ses valeurs gastronomiques. Provoquant une avalanche de réactions abondant en son sens sur les réseaux sociaux.

A entendre les propos de Sandrine Rousseau, on croirait presque Fabien Roussel d’extrême droite ... Déjà que les différentes tendances de gauche ne sont pas d’accord sur le plat, elles ne sont pas prêtes de s’assoir toutes autour de la même table prochainement...

Mais qui remportera le totem de la sécurité ?

Lundi, les deux candidats en tête des derniers sondages, Emmanuel Macron et Valérie Pécresse se sont affrontés à distance sur un même terrain : celui de la sécurité.

Grande préoccupation médiatique et véritable marronnier de toute campagne électorale, nombreux sont les prétendants à l’Elysée a vouloir incarner ce marqueur.

Pour le Président de la République, direction les Alpes-Maritimes pour un déplacement sur ce thème, quant Valérie Pécresse restait en Ile-de-France, à Argenteuil.

Sur ce sujet, l’affrontement est clair, et chaque candidat l’appréhende différemment.

Pour Emmanuel Macron, l’enjeu est connu. A quelques mois du scrutin présidentiel, et alors que le débat se crispe autour des sujets sécuritaires, le Président de la République entend montrer les efforts fournis par ses Gouvernements depuis 2017. En outre, la majorité présidentielle revendique le chiffre de 10 000 embauches de policiers et gendarmes sur le quinquennat, et fait miroiter les baisses d’effectifs engagées par ses prédécesseurs.

Pour illustrer son propos, le chef de l’Etat avait choisi la ville de Nice pour y effectuer son déplacement. Accompagné de Christian Estrosi, proche d’Horizons, le mouvement d’Edouard Philippe, Emmanuel Macron a tenté de récupérer une image bien connue de la droite. La ville du sud est notamment populaire car elle dispose de l'un des systèmes de sécurité les plus pointus du pays, avec son important nombre de caméras vidéo.

Valérie Pécresse souhaite quant à elle faire la démonstration inverse. Pour la candidate des Républicains, ce terrain, de tous temps propice à son parti, serait l’occasion de se refaire une santé politique et de tacler le Président de la République. En effet, les errances des députés LR sur le passe vaccinal ont lourdement pesé sur la dynamique de campagne de la candidate ces dernières semaines. Alors, Valérie Pécresse joue sur des thèmes familiers. Après avoir déclaré vouloir "ressortir le karcher", elle continue de pilonner en ce sens.

Tout en empruntant au registre de Nicolas Sarkozy, la candidate annonce qu’elle vaincra les caïds, et qu’elle n’aura pas la main qui tremble.

Cette nouvelle semaine de campagne s’achève avec une issue encore plus incertaine pour la gauche. La semaine prochaine devrait voir la tension augmenter à l’approche de la primaire populaire et d’observer si Christiane Taubira parvient à engager une dynamique dans les sondages après l’annonce officielle de sa candidature.